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vendredi 9 décembre 2022

Heavy Metal : que se passe-t-il dans la tête des métalleux ?

Mustasch

Brutality now becomes my appetite
Violence is now a way of life
The sledge my tool to torture
As it pounds down on your forehead.  

In: Hammer Smashed Face by Cannibal Corpse

Pourquoi diable les gens écoutent-ils volontairement de la musique hurlante et violente ? Le rock dit « Métal » est devenu populaire autour des années 1970 et n’a jamais perdu de sa popularité depuis, bien au contraire. Metallica, le groupe le plus influent dans ce genre de musique, est le champion toutes catégories, battant tous les records de succès, que ce soit en tournée, dans les studios ou en streaming, depuis maintenant 40 ans ininterrompus. Ces ensembles ont généralement des noms sinistres, de type Black Sabbath, Megadeth, Slayer, Judas Priest, Anthrax, Rage Against the Machine, Napalm Death …. et les paroles parlent de mort, de souffrance et de destruction.

Comme c’est le cas pour tous les styles de musique, le Metal s’accompagne de codes, d’un style vestimentaire, d’une esthétique de type viking, avec des crânes et des épées, des bagues en forme de tête de mort, des vêtements en cuir ; les hommes portent les cheveux longs, qu’il convient de secouer en rythme (headbanging). Il existe de nombreux sous-genres, tels que heavy metal, black metal, death metal, metalcore,  gothic, thrash, doom, latin, power, Christian (si! si!), symphonic metal, glam, power, speed, industrial metal…..




Les adeptes de ce type de musique ne sont pas des vampires assoiffés de sang, ce ne sont pas eux qui dégomment des gens dans des centres commerciaux avec des armes semi-automatiques ou des couteaux. Bien au contraire, ce sont souvent des gens très doux, calmes et intelligents. Il arrive même que des musiciens de rock Metal finissent par se tourner vers l’opéra. Plusieurs études se sont penchées sur le profil psychologique des fans de Metal et sont parvenues à la conclusion que les décibels à donf, les rythmes rapides et saccadés, les riffs agressifs à la guitare et les hurlées gutturales avaient un effet apaisant sur les âmes tourmentées. Le Metal offre un exutoire à des émotions et à des angoisses qui n’arrivent pas à s’extérioriser autrement, c’est une véritable thérapie. Les fans trouvent leur catharsis dans ces rugissements d’outre-tombe, ils n’ont plus besoin de hurler eux-mêmes. En outre, le fait d’aller à des concerts ou à des festivals de Metal (Wacken en Allemagne, Hellfest en France) permet d’appartenir à une communauté qui vibre à l’unisson. Le public qui assiste à ces rassemblements de métalleux est gai et joyeux, on se croirait plutôt à un carnaval ou à une fête populaire. 

Number of metal bands per capita in Europe

Alors que les musiciens classiques sont valorisés et qualifiés de petits prodiges, le Heavy Metal est quant à lui souvent associé à l’échec, qu’il soit scolaire ou social. Toutefois, aimer le Metal ne signifie pas qu’on soit forcément malheureux. En 2021, la Finlande a été classée « Pays le plus heureux au monde », suivie du Danemark, de la Suisse, de l’Islande, des Pays-Bas et de la Norvège. Par ailleurs, la Finlande est le pays qui a la plus forte proportion de groupes de Metal par habitant au monde : 42,6/100.000 habitants en 2021, suivie de l’Islande (32), la Suède (22), les Iles Féroé (21), Saint-Pierre et Miquelon (19) et la Norvège (18). On distingue clairement un schéma : de petits pays froids où il fait nuit la moitié de l’année. Selon Bloomberg City Lab, le nombre de groupes de Metal dans un pays donné correspond à son niveau de prospérité et suit également sa courbe de productivité par habitant, son degré de créativité, d’entreprenariat, de développement humain, de bien-être et de satisfaction vis-à-vis de la vie. On ne saurait affirmer que le Metal en soit la seule source, mais il est néanmoins avéré que ce genre musical est une source de bonheur. Toujours selon Bloomberg, cette observation a poussé le gouvernement finlandais à inscrire l’apprentissage de la musique comme branche obligatoire dans les écoles, car cela permet d’améliorer le bien-être des élèves.  On peut affirmer que le Metal a contribué au niveau exceptionnellement élevé de bonheur de tous ces pays d’Europe du Nord. 

Metallica



En 2018, William Forde Thompson et al. ont réalisé trois études sur le profil psychologique des adeptes de Metal, d’autres sont en cours. Un autre chercheur, Tuomas Eerola, a quant à lui étudié l’attrait de la musique triste. Ils parviennent effectivement à la conclusion que le Metal est une soupape permettant d’évacuer tout ce qui encombre et épuise la psyché, mais uniquement pour ceux qui aiment ce type de musique. Des expériences faites sur des souris dans un labyrinthe ont pu démontrer que le groupe qui avait dû écouter du Mozart s’en sortait mieux que celui qui avait été soumis à du Metal; une autre étude démontrait que les souris qui avaient écouté du Metal avaient envie de s’entretuer ….. mais c’est sans doute parce qu’elles n’ont pas l’appareil critique permettant d’analyser et de trier ces sons extrêmement agressifs. 

La plupart des musiciens Metal ont commencé à un âge très jeune et se sont distingués, dès tout petits, par leurs aptitudes cognitives particulières. Les jeunes dont le QI se situe autour de 140 sont souvent piégés par ce cadeau empoisonné, ils se sentent très isolés et sont souvent très malheureux. Malgré leur jeune âge, ils comprennent parfaitement bien le monde adulte qui les entoure. Ils sont très conscients du risque d’échec, de tous les dangers qu’ils encourent, ce qui peut provoquer chez eux une paralysie émotionnelle. Leur état de frustration tourne ensuite à l’angoisse, à la perte d’estime de soi, voire à la dépression. Comme réaction de défense, l’enfant se repliera sur lui-même et évitera les interactions sociales. Inversément, ils reconnaissent leurs pairs et se retrouvent dans la communauté des métalleux, une tribu au sein de laquelle ils se sentent chez eux, apaisés.

Les fans de Metal sont une petite communauté d’initiés qui parviennent à comprendre et à décoder les vibrations secrètes diffusées par ce type de musique. Ils ne sont pas mainstream, leur musique n’est pas commerciale et ils ont des affinités entre eux, un peu comme s’ils étaient membres de la même secte. Leur signe de ralliement est le symbole des cornes du diable formé par un main dont l’index et l’annulaire sont levés. Des métalleux des quatre coins du monde peuvent devenir amis en se retrouvant au culte d’un concert ou d’un festival. Serait-ce là la solution pour parvenir à la paix dans le monde ?

Comfort doesn’t always come in a hug, sometimes it comes in a scream.




Et si Stranger Things rajeunissait le métal ?


https://cognitiontoday.com/the-social-psychology-of-heavy-metal-rock-music-research-on-metalheads


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1158149/musique-death-metal-joie-violence-etude-universite


Musique classique et Métal : des univers pas si éloignés que ça


Why metalheads are happier people


mercredi 21 août 2019

Vieillir en musique 🎶


Autrefois, on prenait sa retraite vers 65 ans et, à 70 ans, on était vieux. La vie active étant terminée, on s’installait dans un EMS*) pour attendre la mort, qui ne se faisait généralement pas trop attendre. Mais aujourd’hui, les centenaires prolifèrent grâce aux progrès de la médecine et les caisses de pension plongent dans les chiffres rouges.

Etant donné que le jalon fatidique de l’âge de la retraite commence à se rapprocher dangereusement, mon approche vis-à-vis du temps qui passe prend une dimension nouvelle : le temps qui me reste est trop précieux pour que je le gaspille à des choses inutiles, stériles et inintéressantes. J’observe les personnes plus âgées qui m’entourent et je constate avec ravissement qu’elles sont toutes très actives, curieuses, ouvertes aux découvertes et aux rencontres ou encore à l’apprentissage de choses nouvelles. 

Abbaye d'Abondance
C’est quelque chose qui m’a particulièrement frappée lors d’un récent stage de musique ancienne auquel j’ai participé pendant une semaine à Abondance (Haute-Savoie). J’étais, pour ainsi dire, la plus jeune de tout le groupe, les autres ayant tous soit mon âge ou 70 ans et plus. Non seulement personne n’était sourd ni gaga - ce qui arrive pourtant à des gens plus jeunes - mais les conversations ne portaient pas, mais alors pas du tout, sur des maladies, des traitements médicaux, des dentiers, des opérations de la hanche etc…. J’ai des souvenirs d’enfance où les conversations d’adultes ne portaient que sur leurs bobos. Sans doute que les vieux modernes refusent d’être des croulants, les ravages du temps qui passe sont donc tout simplement écartés.


Autre chose m’a marquée dans l’ambiance générale du groupe: il n’y avait aucun stress, aucune tension, aucune obligation de performance, aucune rivalité. Les participants faisaient tous de la musique en amateur, juste pour le plaisir et tout le monde avait une maturité suffisante pour mettre de côté tous les petits conflits mesquins qui peuvent nous empoisonner la vie aussitôt qu’on est deux ou plus. Tout se passait dans le respect mutuel, la joie de partager une activité à plusieurs et le plaisir de l’amusement dans l’effort intellectuel et physique qu’implique la pratique de la musique. 

La Negrina, Mateo Flecha El Viejo
Pour autant que le côté financier soit assuré, on peut aborder le troisième âge en toute sérénité. On est libre de faire ce qu’on veut, quand on veut, on est libéré de toute contrainte, la vie n’est plus que vacances, fun et liberté ! Plusieurs retraités m’ont dit n’avoir eu aucun regret à quitter la vie professionnelle et je compte bien faire partie de ceux-là.

Une nouvelle vie peut commencer dès 65 ans, mais il faut mettre toutes les chances de son côté pour que ce voyage dure longtemps et dans de bonnes conditions. En effet, nul ne sait ce que la vie nous réserve ni quelle sera la loterie que le bon dieu a en stock pour nous (maladies, hérédité, mauvaise chance). C’est pourquoi il faut profiter de la vie, ne pas en perdre une miette et surtout ne pas gaspiller son temps et son énergie à se plaindre et à se lamenter. Nous avons encore vingt ans, voire davantage, de vie active devant nous, il faut en profiter et en tirer le maximum ! L’exemple de Dagny Carlsson est éloquent: une dame suédoise de 107 ans, qui a appris à utiliser un ordinateur à l’âge de 100 ans et qui tient un blog depuis. Elle est très populaire et est devenue une personnalité appréciée et admirée dans son pays. 


Toute activité cérébrale et intellectuelle est bénéfique, en sus d’une activité physique et d’une alimentation saine, évidemment. De nombreuses études ont démontré les bienfaits de la musique : elle fait travailler la mémoire, la réflexion abstraite et nécessite un effort d’analyse et de restitution, ainsi que de coordination cerveau-motricité, cerveau-larynx, cerveau-oreille. Contrairement à une idée reçue, on ne perd pas forcément sa voix dès 50 ans, on ne devient pas forcément dur d’oreille non plus. La voix, les oreilles, le diaphragme se travaillent et s’exercent, comme dans n’importe quelle autre activité. Il n’y a que l’inertie et la paresse qui détruisent les acquis. 

Après avoir travaillé professionnellement avec mes oreilles et ma voix, je pourrai donc poursuivre cette activité, mais dans des conditions plus ludiques et festives. Décidément, la vraie vie commence après 65 ans !



*) EMS = établissement médico-social, résidence pour personnes âgées (en Suisse)

La musique, atout maître face au vieillissement, article paru dans le Nouvel Obs en 2014

Le blog de Dagny Carlsson:




lundi 7 juillet 2014

Dom Sebastiāo, roi malheureux

Dom Sébastien par Cristóvão de Morais 
Le roi Sébastien Ier, Dom Sebastiāo, fut roi du Portugal de 1554 à 1578. Il était le dernier héritier de la dynastie des Avis. Fruit d’une longue succession de mariages consanguins, il était de faible constitution et sans doute pas bien brillant intellectuellement. Son père est mort peu avant sa naissance, la nuit de la Saint-Sébastien; sa mère a rejoint son pays, l’Espagne, à peine sortie des couches; c’est ainsi que le petit Sebastiāo fut élevé par des Jésuites, qui ont fait de lui un fanatique religieux qui refusa le mariage et se donna pour mission de faire briller le christianisme chez les Maures. Il montera sur le trône à l’âge de quatorze ans et mènera son pays à la perte.

En l’an de grâce 1578, ignorant tous les avis contraires, il décida d’emmener la fine fleur de l’aristocratie et de l’armée portugaise au massacre. La bataille d’Alcazar Quibir ou Ksar el Kébir (la grande forteresse), au Maroc, a exterminé l’armée portugaise et a fait tomber le Portugal aux mains de l’Espagne de Philippe II. Cet affrontement porte le nom de Bataille des trois rois 1). Les Portugais ont quitté Lisbonne fin juin et la bataille décisive eut lieu le 4 août 1578. Ils sont partis à l’assaut du Maroc en plein été et n’étaient qu’au nombre de 17.000; leurs opposants quant à eux, animés de l’esprit de la Guerre Sainte et se trouvant sur leurs propres terres, étaient 30.000. C’était un affrontement déséquilibré, une guerre illégitime et anachronique, étant donné que ce pauvre Sebastiāo  pensait vaincre l’Islam, instaurer une monarchie chrétienne universelle et arriver jusqu’en Terre Sainte. La dernière croisade de la chrétienté méditerranéenne, selon Fernand Braudel.

Batalha de Alcácer-Quibir (1578), Museu do Forte da Ponta da Bandeira, Lagos

On ne retrouva jamais le corps du malheureux roi Sébastien. Le traumatisme de cette guerre stupide qui mit un terme à l’expansion coloniale et à l’existence même du royaume du Portugal a profondément marqué le peuple portugais. Le roi devint une figure mythique, personne ne voulant croire à sa mort ni à sa disparition. Plusieurs imposteurs en ont profité pour se faire passer pour lui. Puis est née une croyance, le sébastianisme, selon laquelle le retour du roi marquerait une renaissance et un nouvel essor pour le Portugal. Ce mythe perdurerait encore aujourd’hui, ce qui est compréhensible pour un pays qui a perdu sa grandeur d’autrefois et qui est aujourd’hui économiquement à genoux. Il en reste en tout cas l'expression: Ficar a espera de Dom Sebastião, qui signifie attendre quelque chose qui n'arrivera jamais.....
2)


Un tel drame, une telle destinée offre un livret tout trouvé pour un opéra. C’est Gaetano Donizetti qui s’en est emparé, pour en faire un opéra dramatique en grande pompe et en cinq actes, sur un livret d’Eugène Scribe, d’après une pièce de théâtre de Paul Foucher. Il s’agit de Dom Sébastien, roi de Portugal, dont la première eut lieu en 1843 à Paris. Bien que l’œuvre ait connu un immense succès au XIXème siècle, jouée en français (V.O.), en italien et en allemand, plus particulièrement dans l’empire austro-hongrois (180 fois rien qu’à Vienne), il n’y eut plus que deux représentations entre 1900 et 1945, puis huit depuis l’après-guerre, la dernière remontant à 2006 à New York 3). On peut se demander pourquoi cet opéra est ainsi tombé dans l’oubli. Il est vrai que c’est une œuvre très guerrière, demandant beaucoup de chœurs d’hommes, une distribution quasiment exclusivement masculine et une mise en scène grandiose: le port et la ville de Lisbonne, l’Inquisition, une procession funéraire... Mais les grandes maisons d’opéra n’ont généralement que peu de contraintes budgétaires. 

Selon le cahier qui accompagne le CD, le ténor ayant créé le rôle, Gilbert-Louis Duprez, était alors un homme dont la voix avait connu des jours meilleurs. C’est assez étonnant, étant donné que le morceau de bravoure du rôle de Dom Sébastien, Seul sur la terre, demande plusieurs contre-ré-bémol, ce qui n’est pas à la portée du premier ténor du dimanche venu.


Seul sur la terre - Lawrence Brownlee

Gilbert-Louis Duprez aurait d’ailleurs été le premier à chanter cette note en voix de poitrine, ouvrant la voie à une technique de chant nouvelle. Parmi les autres personnages, citons la seule femme, Zaïda, une belle mahométane convertie au christianisme, envoyée au bûcher pour apostasie et adultère. Les inquisiteurs la traiteront en outre de relapse, de femme impie et de parjure. La présence du poète Camões sur le champ de bataille n’est pas historiquement avérée. En 1572, il dédia son épopée Les Lusiades au jeune roi Sébastien 1er et assista, six ans plus tard, au départ des troupes portugaises vers leur sort fatal au Maroc. Il a toutefois un magnifique duo avec le roi lorsqu’ils se retrouvent tous deux en haillons dans les rues de Lisbonne, ayant miraculeusement survécu à la bataille. A noter également un chef arabe, Abayaldos, ainsi que quelques inquisiteurs. Les choeurs chantent à tue-tête la victoire d’Allah, qui veut la victoire, la vengeance et du sang. Au quatrième acte, Zaïda et Dom Sébastien sont tous deux condamnés au bûcher, mais en sont sauvés, car le roi accepte de signer l’acte de cession de son royaume à l’Espagne. Cela ne peut se faire ouvertement, raison pour laquelle les gardes les laissent s’évader. Toutefois, l’échelle de corde par laquelle ils s’échappent d’une tour est coupée par un soldat, précipitant les amants dans l’Atlantique.

Tous les ingrédients d’un opéra dramatique sont ainsi réunis. Ne reste plus qu’à espérer que cette œuvre finira par retrouver les scènes lyriques, car elle le mérite amplement.

Reconnaissance du corps de Dom Sébastien, par
Caetano Moreira da Costa Lima (1835-1898)
Voir aussi: 
Revue l’Histoire, N° 63: La triste destinée du roi Sébastien, par Lucette Valensi

Dom Sebastien de Portugal sur YouTube :

1) la bataille de l'Alcazar Kébir est orthographiée de différentes façons : « bataille d'Alcácer-Quibir » (en portugais), bataille de l'Alcácer Quibir (en français), et bataille d’Alcazarquivir (en espagnol)
2) Les cavaliers de la gloire de Souhail Ben Barka
3) Performance history, Tom Kaufman, in: livret accompagnant le CD Opera Rara 

jeudi 15 mai 2014

Interprète ou Diva, même combat

Dessin B. Cliquet

Tout le monde n'est pas fait pour une vie de saltimbanque, une vie où la routine n’est pas toujours quotidienne et où on ne sait pas forcément de quoi demain sera fait. La plupart des gens ont un travail fixe, à durée déterminée ou pas, avec des congés payés et un treizième mois à la fin de chaque année. Mais toutes les professions ne fonctionnent pas selon ce modèle. La plupart des indépendants - garagistes, médecins, plombiers - sont leur propre patron et peuvent être relativement certains d’avoir du travail toute l’année, même un peu trop, parfois. Il n’en va pas de même pour les interprètes de conférence.

Quand les gens entendent combien nous sommes payés à la journée, ils multiplient cela d’office par trente pour le mois ou par trois cents quarante pour l’année et se disent que, décidément, nous nous faisons des roubignolles en or. Ils oublient que de mi-décembre à fin février environ, nous n’avons pas de travail, idem en juillet et en août. Pas de congés payés, pas d’arrêts maladie, ni de congé maternité. Pas de retraite non plus, c’est à nous de jouer les fourmis plutôt que les cigales, si nous ne voulons pas nous trouver fort dépourvus quand la vieillesse sera venue.

Une autre profession qui fonctionne comme la nôtre est celle des chanteurs lyriques. Comme nous, ils sont payés aux pièces, c’est-à-dire au cachet. Pas d’engagement, pas de cachet. D’où la nécessité d’espérer que le téléphone sonnera pour demander une disponibilité, de préférence pour quelque chose de juteux, ça permet de manger plus longtemps. Le plus dur étant évidemment les premiers contrats: comment se faire connaître, comment convaincre ceux qui cherchent des interprètes - lyriques ou de conférence - qu’on a les compétences requises? Qu’on tiendra le coup dans l’air de la Reine de la Nuit ou à l’assemblée générale de Novartis? Qu’on n’aura pas de blanc, qu’on n’éclatera pas en larmes en pleine performance? Qu’on s’entendra avec le reste de l’équipe? Ça aussi, ça compte pour beaucoup dans les offres qu’on reçoit ou pas.



Pour devenir interprète lyrique ou de conférence, il vaut mieux commencer à se former très jeune - ce n’est pas indispensable, mais ça aide. Apprendre les langues ou le solfège tout petit, faire des séjours à l’étranger, faire ses gammes, avoir des parents musiciens ou en tout cas mélomanes, avoir un petit ami allophone, chanter dans un choeur d’église, faire des auditions dans le cadre d’une école de musique, faire sa scolarité dans une autre langue que celle du pays où on vit.... Après quoi, il faut suivre une formation, une école d’interprètes ou le conservatoire, puis des cours de chant plus pointus, des master class, enfin le diplôme. Les professeurs sont souvent de futurs collègues, qui vous aideront à mettre le pied à l’étrier et qui recommanderont leurs poulains pour leur permettre d’acquérir leurs premières expériences professionnelles. A partir de là, si la prestation est bonne, l’effet boule de neige permet, petit à petit, à l’oiseau de faire son nid.

Reste ensuite à bien gérer sa carrière: garder de bonnes relations avec ses collègues et avec les gens qui vous engagent; ne jamais arriver au travail sans s’être préparé; être ponctuel, fiable et correct avec les notes de frais. Si on découvre, ne serait-ce qu’une seule fois, que vous avez triché avec une facture d’hôtel ou un remboursement de billet de train, c’est la liste noire, dont il est très difficile de sortir. Quand il y a l’embarras du choix parmi les sopranos qui peuvent chanter Violetta ou Fiordiligi, on choisira en premier celle qui est une valeur sûre, celle qui ne vous posera pas de lapin la veille de la première, qui ne fera pas de caprices de diva, qui sera sympa et réglo. Il en ira de même si on a besoin d’un(e) interprète de cabine française avec l’anglais et l’espagnol, combinaison très courante s’il en est.

Les chanteurs d’opéra doivent avoir un répertoire. S’ils ont appris, ou encore mieux, déjà chanté tel ou tel personnage, ils pourront remplacer quelqu’un de souffrant au pied levé. Avec l’expérience, l’apprentissage et la mémorisation des différents rôles se fait sans doute plus facilement. Si vous avez déjà chanté Mimi, cela signifie que vous connaissez déjà bien La Bohème et que vous aurez moins de peine à faire Musetta, puisque les différentes répliques et le déroulement de l’œuvre vous seront déjà familiers. Chez les interprètes de conférence, si vous avez déjà fait du médical ou de la finance, vous serez plus à l’aise lors d’autres conférences relevant de ces domaines-là.


Les deux professions travaillent avec la voix. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être aphones ou d’avoir des quintes de toux irrépressibles. En cabine, ça reste possible, même si c’est pénible. J’ai assisté à une Belle Hélène dont le Pâris était aphone. Il a prononcé son texte, étant incapable de le chanter. Comme c’était une petite production fauchée, ils n’avaient pas d’autre recours et c’était finalement bien sympathique. Mais à la Scala de Milan, ce serait inconcevable, ils feront venir une doublure. Il arrive aussi que des interprètes de conférence en remplacent d’autres, pour autant qu’ils aient la bonne combinaison linguistique. Bien sûr, l’absent aura peur que le nouveau-venu soit meilleur que lui et fera tout pour éviter de se faire porter pâle. Bien des chanteurs lyriques ont vu leur carrière démarrer grâce à une telle intervention de dernière minute.


Les chanteurs ont des agents qui leur trouvent des engagements, généralement plusieurs années à l’avance. Plus on est célèbre, plus le délai de réservation sera long. Les interprètes s’organisent aussi en secrétariats, qui jouent un peu le rôle d’agence, ou alors ils ont une centrale d’appel, qui reçoit et transmet les messages. A l’Union européenne, les interprètes indiquent leurs disponibilités sur un calendrier en ligne et sont recrutés par ce même biais, en fonction des langues requises.

Les deux professions sont appelées à travailler ailleurs qu’à domicile. A moins d’habiter à Genève ou à Bruxelles, les voyages seront quasi-inévitables pour les interprètes de conférence. Les chanteurs lyriques auront aussi assez rapidement épuisé tous les débouchés possibles à domicile et devront accepter de prendre le train ou l’avion et loger à l’hôtel. Tout cela peut devenir délicat et difficile à concilier avec une vie de famille, des enfants, une continuité dans sa vie sociale et ses activités extra-professionnelles.

La concurrence est rude dans le monde de l’opéra et les chanteurs venus de l’est sont non seulement excellents, mais bien moins chers. Il est dur de défendre son bifteck face à de belles voix profondes et sonores qui demandent un dixième du cachet occidental et qui sont moins exigeantes pour tout le reste aussi (conditions de voyage, de logement etc.). Ce phénomène est bien évidemment moins flagrant chez les interprètes, car il sera difficile pour un Polonais de faire la cabine espagnole, pour prendre un exemple au hasard. De même, dans des œuvres comme Eugène Onéguine, la distribution sera généralement exclusivement russe, compte tenu de la difficulté de mémoriser le texte et de le prononcer correctement si on ne maîtrise pas la langue.



Les architectes ne sont pas nos amis. Lorsqu’ils dessinent une salle de conférence, ils oublient totalement les cabines d’interprète. C’est ainsi que nous nous retrouvons avec des cabines exiguës, sans visibilité, difficiles d’accès, avec des lampes soit trop fortes, soit trop faibles, des écrans - excellente idée - placés de sorte à prendre toute la place sur la table et masquer la salle. Il n’y a jamais de porte-manteaux, ça coûte sans doute trop cher. Les architectes détestent la lumière: les salles de réunion sont systématiquement dépourvues de fenêtres ou ont de lourdes tentures sombres, ça favorise la concentration chez les participants. La climatisation est généralement défectueuse et nous avons le choix entre trop chaud, trop froid ou pas d’air du tout.

Dans les vieux théâtres, il en va de même: les coulisses sont inadaptées (il faut pouvoir passer de cour à jardin rapidement et discrètement), les loges - lorsqu’il y en a - sont trop petites et en nombre insuffisant. Une ou deux douches, voire aucune, une ou deux toilettes pour une vingtaine ou plus de personnes participant au spectacle. Il faudrait de grandes portes et un monte-charge pour faire entrer les décors, ce n’est pas toujours le cas. Le luxe ultime est d’avoir un écran de régie ou un système quelconque permettant de savoir où en est le spectacle. On ne peut pas passer des heures tous les soirs en coulisses afin de ne pas rater son entrée. En cabine, il est utile également d’avoir des écrans nous indiquant l’ordre des orateurs ou le résultat du vote.


La Belle Hélène d'Offenbach
Les similitudes sont nombreuses également dans l'exercice même de la profession. Nous travaillons en étroite promiscuité avec des collègues que nous ne choisissons pas. Fort heureusement, en cabine, nous n’avons jamais besoin d’embrasser notre collègue, il n’y a pas d’étreintes passionnées ni de déclarations d’amour simulées. On doit pouvoir faire confiance à nos camarades et pouvoir compter sur eux en cas de blanc ou de problème technique: le document qui tombe par terre ou un accessoire qui manque, une réplique qui ne vient pas. On doit bluffer quand on se trompe, le public ne doit se rendre compte de rien. Lorsqu’on chante un Lied ou qu’on fait une consécutive, il faut être vivant, transmettre de l’émotion et regarder les gens dans les yeux, afin de capter leur attention.

Du fait de la précarité de nos professions, bien des interprètes - linguistiques ou musicaux - se tournent vers l’enseignement. Cela permet d’arrondir les fins de mois et d’avoir d’autres horizons que le seul stress de la performance.
Le monde des interprètes de conférence est parfaitement dénué de toute discrimination: tout le monde est payé la même chose (sauf les débutants pendant un certain nombre de jours). Il serait inconcevable d’être homophobe ou raciste étant donné que toutes les religions, orientations et couleurs sont représentées. Dans les milieux lyriques, la rémunération varie en fonction de l’importance du rôle et de la renommée des chanteurs et selon qu’ils sont solistes ou choristes.

Les interprètes de conférence sont nombreux à fréquenter les opéras, l’inverse est toutefois peu probable. Un certain nombre de mes collègues chantent dans des choeurs, mais ce n’est de loin pas la majorité. Un parallélisme amusant se dessine toutefois entre les conférences internationales et les productions lyriques. Il y aura toujours une cabine anglaise et une cabine française – du moins dans les grandes conférences en Europe – tout comme il y aura toujours une soprano et un ténor. Il y a très fréquemment une cabine espagnole, allemande ou russe, selon le type de conférence, tout comme il y aura quasiment toujours une alto, un baryton, une ou plusieurs basses. Il peut y avoir une cabine japonaise, comme il peut y avoir un contre-ténor ou une femme jouant un rôle d’homme. Nous formons une équipe soudée le temps d’une conférence ou d’une représentation, chacun jouant le rôle qui est le sien. Bien souvent, la soprano ou le ténor meurent d’amour ou de vengeance, les émotions des interprètes de conférence n’atteignent jamais de tels extrêmes. La prestation terminée, les chanteurs seront chaleureusement applaudis et recevront des fleurs, alors que les interprètes quitteront la salle discrètement, chacun ayant essayé de contribuer, à sa manière, à rendre notre monde un peu moins brutal.

Bravo ! Bravissimo !

samedi 10 août 2013

Musiques en Drôme



Coline Serreau et Alexis (?) de Broca, pianiste
La Drôme est un lieu qui a un charme certain, qui semble attirer tout particulièrement les mélomanes. On y trouve déjà les cigales et les olives de la Provence toute proche, sans tomber dans des lieux éculés et hyper-touristiques tels qu’on en trouve dans le Lubéron ou ailleurs (Gordes, Vaison-la-Romaine, Avignon etc...). La Drôme a su préserver sa nature authentique et sa simplicité. Elle est trop rustique pour les bobos des villes, elle attire en revanche les bons vivants, amateurs de dolce vita, loin du bruit et de la fureur des grandes villes.

Tournée 2013
C’est ainsi que la réalisatrice Coline Serreau a choisi la Drôme pour y emmener sa Chorale du Delta en tournée, pour la septième fois en ces mois d’été 2013. Ils sont une vingtaine, accompagnés de quelques musiciens, pas forcément toujours les mêmes. Il y avait cette fois-ci un jeune pianiste qui s’appelait Alexis (?) de Broca, et deux jeunes violonistes, Nathanaël Serreau et Madeleine Besson. Nathanaël est certainement le fils de, quant à Madeleine, elle est la fille de Coline Serreau et de Benno Besson. Elle a non seulement joué du violon en début de concert, mais chanté en soliste dans deux negro spiritual. Elle était absolument renversante et elle vaut bien Aretha Franklin et consorts. Un nom dont j’ai pris bonne note. Parmi les autres musiciens, un violoniste du nom d’Oleg ... et une violoncelliste chinoise. Les erreurs et omissions sont entièrement dus à ma mémoire défaillante, étant donné qu’aucun programme ou brochure n’est distribué à l’occasion du concert.

Tournée 2012
C’était la deuxième fois que j’assistais à leur concert, au Sanctuaire Saint-Joseph de Roussas. Le programme était quasiment le même, ils ont un certain répertoire qu’ils font tourner au rythme effréné de leur tournée (35 concerts d’une durée d’une heure et demie environ en 21 jours). J’ai retrouvé une choriste et soliste assez étrange qui m’avait déjà frappée l’année dernière. Elle a une voix angélique lorsqu’elle chante en solo, mais semble se cacher derrière le dernier rang du chœur et se déplacer d’un pupitre à l’autre pendant les morceaux d’ensemble. On m’a expliqué qu’elle est elle-même chef de chœur et qu’elle s’amuse à passer d’une voix à l’autre. Elle s’appelle Reta Kazarian, aussi un nom à retenir.

Sanctuaire Saint-Joseph de Roussas

Le lendemain du concert de la Chorale du Delta, c’était au tour de l’Académie provençale des Amis de Stuttgart (A.P.A.S.) de se produire dans le même sanctuaire Saint-Joseph de Roussas, qui se trouve tout au sommet du vieux village, juste à côté du château. C’était la 22édition cette année. Cette tradition a été lancée en 1991 par un couple franco-allemand, les Bogucz. Le mari, Stanislas, était violoniste à l’Orchestre de chambre de Stuttgart. Il faisait venir - et sa veuve et sa fille perpétuent la tradition - de jeunes musiciens à Roussas, afin de donner une série de concerts dans les villages du coin. Il s’agit de jeunes professionnels, qui donnent des concerts de très bonne qualité, avec un répertoire classique, mais avec des œuvres peu connues, comme par exemple le Quatuor américain N°12 op 96 de Dvorak ou encore une Introduction de Ravel pour flûte, clarinette, harpe et quatuor à cordes. Les recettes des concerts ont permis la restauration des orgues du Sanctuaire.


J’ai eu moi-même le plaisir de chanter dans la Drôme, en 2012, avec l’Ensemble vocal Florilège de Genève. Nous avons chanté à La Laupie et à Comps. Il est question d’y retourner en 2014 et, pourquoi pas, chanter à Roussas également. Le Sanctuaire Saint-Joseph semble se prêter à merveille aux concerts, l’acoustique y est bonne et le lieu spectaculaire, avec une vue panoramique sur les alentours.
Alors rendez-vous dans la Drôme en 2014, pour aller écouter la Chorale du Delta, l’A.P.A.S. et Florilège.




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vendredi 7 décembre 2012

Comment organiser un spectacle



Monter un spectacle est une véritable entreprise, dans laquelle il ne faut pas se lancer en ayant des papillons plein les yeux. Cela demande beaucoup d’argent, de la patience et tout un savoir-faire administratif en sus des aptitudes artistiques, cela va de soi.


Il faut commencer par trouver la salle qui convient, ni trop grande ni trop petite et surtout pas trop chère. La scène doit être suffisamment grande pour le spectacle envisagé, il doit y avoir la place pour un orchestre allant de 5 instruments et un piano à un ensemble de 18 musiciens selon le cas. Il doit y avoir des coulisses et des loges, ce qui n’était pas le cas de l’Alhambra de Genève, actuellement en rénovation. Evidemment, c’était avant tout un cinéma.  Ce sera certainement une salle superbe lors de sa réouverture, mais elle sera probablement hors de prix.


Il faut ensuite auditionner les chanteurs solistes, qui doivent être des professionnels confirmés, mais pas trop connus, car autrement leur cachet risque de peser trop lourd sur le budget. Il faut surtout trouver un chef d’orchestre compétent et capable, ce qui ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. En effet, on dirait qu’il ne fait qu’agiter les bras, mais tout repose sur lui, car il donne les départs non seulement aux musiciens, mais aussi aux solistes et aux choristes. Tout le monde doit avoir un coin d’œil sur lui, mais sans en avoir l’air.


Une fois qu’on sait quel spectacle on monte, où, à quelles dates et avec quels artistes, il ne reste plus qu’à trouver des sponsors. Les temps sont durs pour tout le monde et les entreprises ne veulent apposer leur logo que sur des valeurs sûres et des manifestations de grande visibilité. Les demandes de soutien doivent parvenir à la bonne addresse avant un délai bien précis, qu’il faut chercher sur les sites internet des mécènes potentiels. La Migros-pour-cent-culturel est un bienfaiteur très généreux. Elle offre généralement son service de billetterie, ce qui n’est pas négligeable. D’autres sources de revenus sont les annonces dans le programme, les consommations au bar pendant l’entracte et, bien sûr, la vente de billets. La Ville de Genève offre parfois l'affichage, ce qui est un coup de pouce appréciable.


Du côté des dépenses, ce ne sont pas les occasions de payer qui manquent. Il faut débourser pour la location de la salle, l’impression d’affiches et de flyers, les décors, les costumes…. Il faut vérifier auprès de la SUISA s'il y a des droits d'auteur à verser. Viennent ensuite toutes les assurances. A partir du moment où il faut rémunérer des chanteurs et des musiciens, on passe à un rapport employeur-salarié, avec toutes les charges que cela représente. Il faut déclarer les artistes à l’AVS et payer les cotisations sur leurs cachets. Il faut contracter une assurance accidents, ainsi qu’une assurance RC. En effet, l’Etat, qui loue certaines salles, n’a pas de RC couvrant les spectateurs au cas où gradin s’écroulerait, par exemple. Il peut encore y avoir d'autres coûts imprévus, comme par exemple un parking ouvert tard le soir pour les spectateurs. Sans possibilité de se garer, le public hésitera à se déplacer.


Quant à la salle proprement dite, il faut pouvoir définir exactement ses besoins :  faut-il un piano,  un ou plusieurs micros, des projecteurs vidéo ou encore une régie son et lumière. Pour pouvoir utiliser de vraies flammes sur scène, des bougies par exemple, il faut prévoir la présence – payante, cela va de soi – d’un pompier. C’est pourquoi les bougies sont généralement factices, de loin, on n’y voit que du feu, c’est le cas de le dire.

Il faut ensuite demander l’autorisation d’organiser une buvette. Ladite demande doit être adressée au Service du Commerce, dont la réponse doit parvenir aux organisateurs trente jours ouvrables avant le début de la manifestation. Toute source de revenus doit être dûment encadrée par les services de l'Etat.


La date de la première s’approchant à grand pas, il faut commencer à faire de la promotion et faire connaître le spectacle. De nombreuses petites mains s’affairent alors à distribuer des flyers devant les salles de concert et à coller des affiches dans les commerces et les restaurants. On parvient parfois à obtenir des interviews à la radio, un article dans la presse locale ou encore plusieurs petits encadrés dans diverses gazettes de quartier. Le courrier électronique aux amis et connaissances, ainsi que facebook viennent compléter les efforts de relations publiques.

Ne reste plus qu’à espérer que le Département de l’urbanisme ne décide pas de restreindre, de suspendre ou d’annuler la location sans indemnité en cas de justes motifs (besoins scolaires, travaux, manifestation officielle), comme il en aurait le droit. Ne reste plus qu’à espérer que le spectacle ne dépassera pas 93 décibels par intervalles de 60 minutes, car autrement, les organisateurs s'exposent à des sanctions pénales (ce genre de règlement ne semble pas s’appliquer aux festivités du Nouvel an organisées par la Ville). Ne reste plus qu’à espérer que le public sera au rendez-vous et qu’il viendra nombreux. Ne reste plus qu’à espérer qu’il n’y aura pas de boulette majeure sur scène et qu’aucun des solistes ne soit aphone ou souffrant, si on n'a pas les moyens d'avoir des doublures.

La RéBUlique veille sur nous...
Ne reste plus qu'à croiser les doigts pour que de généreux mécènes soient charmés par la prestation scénique… cela permet d’aborder de nouveaux projets avec plus de sérénité.